Carnet de route de Gaston Marius Joseph Magnin

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Transcription : Memorandum

Année 1914

Août

  • 1er août : Mobilisation, appel individuel malade
  • 6 août : Sursis un mois apporté par gendarme

Septembre

  • 6 7bre : Visite à Passy, bon pour le service
  • 7 7bre : En route pour Chartres couché Cour d’Assises
  • 8 7bre : Incorporé 29ème Cie. Coudray reconnu inapte

Octobre

  • 8 octobre : reconnu bon à partir, préparatifs
  • 10 id : Visite de papa Morney, repas de gala
  • 12 id : Visite de Louisette de Germinal, grande joie. (n.b : sa femme et son fils)
  • 14 id : Départ des hôtes, grande peine
  • 22 id : Départ de Chartres pour le front, nuit d’insomnie
  • 23 id : arrivée à Villers Bretonneux, détachement diabolique, cantonné à Dernancourt 350ème 20ème Cie, revu Louis, couché poste de police (6 kil. Albert)
  • 24 id : Travaillé à confection tranchées modernes
  • 25 id : Même occupation que la veille
  • 26 id : Réveil 4 heures, passé journée dans les bois, le soir parti pour Buire, de garde
  • 27 id : Etape 25 kilom. cantonné à Vauchelles-les-Authie (Somme)
  • 29 id : Etape 8 kilom. cantonné à Famechon (Pas-de-Calais) passé journée entière avec Louis
  • 30 id : Journée calme, passée avec Louis et dans la paille
  • 31 id : Bon repas midi, étape 15 kilm. cantonné à Sailly-au-bois, chemins défoncés, canon gronde

Novembre

  • 1er 9bre : Toussaint, beau temps, démarches pour changer de Compagnie, 6h ½ soir, départ pour tranchées, à Hébuterne, pays et clocher démolis, la nuit fusillade et canonade, baptême du feu
  • 2 9bre : Journée passée dans la tranchée, jeu de cartes, bombardements, nuit calme
  • 3 9bre : Toujours tranchée, obus éclatent très près, 7h de garde, réveillé 11h par attaque de nuit, balles sifflent, faction sous la rafale, planqué derrière talus (couverture à Jolivet)
  • 4 9bre : Même position, q.q obus éclatent, nuit calme
  • 5 9bre : Sans changement, toujours à Hébuterne, même tranchée reçu 1ère lettre de Louise (n.b : Marie Louise, sa femme)
  • 6 9bre : Corvées toute la journée, le soir bombardement intense ; visité pays et église en ruines, spectacle navrant
  • 7 9bre : Joué aux cartes, le soir de garde, balles sifflent, vu chasseur à pied tué
  • 8 9bre : Aucun changement, toujours même tranchée
  • 9 9bre : Brouillard intense, rien de nouveau
  • 10 9bre : Alerte à 3 heures, à 8h patrouille, nuit noire, méprise dangereuse avec territoriaux, retour sous la pluie
  • 11 9bre : Patrouille 3h du matin, 5h ½ chasseurs attaquent, fausse tranchée allemande, 100 victimes, midi obus éclatent à 20 mètres, 6h de garde, orage, canonade infernale
  • 12 9bre : Même tranchée, repos, nuit calme
  • 13 9bre : Vendredi, passé en 1ère ligne, tranchées boueuses, de garde, balles sifflent, toujours froid
  • 14 9bre : même tranchée, 400m ennemis, obus et balles sifflent toujours, froid
  • 15 9bre : Gelée, neige, pluie, boue jusqu’au cou, bombardé par les 75, à 6h soir garde à barricade, à genoux dans la boue, vrai déluge
  • 16 9bre : De garde toute la journée, pluie continuelle, les tranchées sont un vrai marécage, à 6h relève de garde, il pleut toujours
  • 17 9bre : À 4h matin, relevé des tranchées, il gèle, occupé casemates dites de repos, toujours à Hébuterne, journée superbe, nettoyage d’effets qui étaient des monceaux de boue
  • 18 9bre : Forte gelée, bien dormi, beau temps, corvées, le soir de garde, corvées toute la nuit
  • 19 9bre : De garde, attaque au matin, autos mitrailleuses. Forte canonade, nombreuses victimes, échec. Neige, bien dormi
  • 20 9bre : Réveil sous la neige, vu Louis, journée calme relativement
  • 21 9bre : 4h matin, passé en 1ère ligne, de garde de midi à 6h froid intense
  • 22 9bre : De garde de minuit à 6h du matin, littéralement gelés. À 8h changé de Cie, 22ème, heureux. Passé bonne nuit dans une cave
  • 23 9bre : Journée calme, passée dans nouveau gourbi la nuit travail aux tranchées
  • 24 9bre : Travail aux tranchées jusqu’à 11h du soir, nuit calme
  • 25 9bre : De garde, mauvais temps, nuit pénible, mauvais temps (froid et neigeux)
  • 26 9bre : Repos dans la cave, revues, nettoyage, bien dormi
  • 27 9bre : Arraché patates, terrassements la nuit
  • 28 9bre : Terrassements dans la boue, marmites éclatent toujours, le soir furieux bombardements
  • 29 9bre : De garde, toujours la vase, pas fermé l’œil
  • 30 9bre : Repos relatif à la cave

Décembre

  • 1er Xbre : Terrassements la journée, de garde la nuit
  • 2 Xbre : Terrassements jour et nuit, en avant des lignes
  • 3 Xbre : De garde pour changer, temps passable
  • 4 Xbre : Repos dans les caves, revue de détail, marmite éclate à 10 mètres
  • 5 Xbre : De garde aux issues, poste dans la cave
  • 6 Xbre : Passé à la cave, corvées sous les scrapnells
  • 7 Xbre : Journée calme, reçu colis, cave, fausse alerte
  • 8 Xbre : Repos avec Louis, bonne journée
  • 9 Xbre : Retour aux tranchées, dans la vase, terrassements de nuit
  • 10 Xbre : Autres tranchées, nettoyage des tranchées
  • 11 Xbre : De garde, ballade en avant des lignes, rapporté trophés, nuit abominable, pluie intense, record de la saleté, nettoyage dans la mare
  • 12 Xbre  : Journée passée à nettoyer, nuit dans la cave
  • 13 Xbre : En route pour Sailly, revues diverses, couché grenier
  • 14 Xbre : Il pleut, exercices dans les prés
  • 15 Xbre : Même temps, exercices dans la cour, amabilité du logeur
  • 16 Xbre : Alerte à 3h, retour à Hébuterne, attente dans les caves, couché à Sailly
  • 17 Xbre : Retour aux tranchées, corvées, couché dans la cave
  • 18 Xbre : Arrivée aux gourbis, corvées six heures de garde, pluie, état lamentable, tranchée éboulée, le canon fait rage sur Albert
  • 19 Xbre : Il pleut toujours, corvées, que de boue ! que de boue ! bombardement du château
  • 20 Xbre : Garde de 24 heures, enlizé dans la boue, très pénible
  • 21 Xbre : Nettoyage, revues
  • 22 Xbre : Repos. Patrouille de nuit à la ferme
  • 23 Xbre : Repos complet dans les caves
  • 24 xbre : De garde au colonel, champagne à minuit
  • 25 Xbre : Repos dans les caves d’Hébuterne, gelée
  • 26 Xbre : Retour aux gourbis, corvées, 6h de garde
  • 27 Xbre : Pluie, corvées, le soir patrouille en avant de travailleurs, reçu par fusillade intense et par les obus. Louis manque d’écoper
  • 28 xbre : Garde aux avants postes, dégel, pluie, boue, éboulements, vent glacial, marmite tombe à 5 mètres, très pénible
  • 29 Xbre : Repos à Sailly, nettoyage, revues
  • 30 Xbre : Exercices, grange aérée
  • 31 Xbre : Pluie continuelle, repos forcé

Année 1915

Janvier

  • 1er Janv : Repas de gala, champagne, chœurs, journée tranquille
  • 2 Janv : Retour Hébuterne par la pluie, calme complet
  • 3 Janv : Gourbis, vase, agent de liaison
  • 4 Janv : Pluie, neige, vrai marécage
  • 5 Janv : De garde aux tranchées, bombardement, boue, pluie
  • 6 Janv : En route pour Sailly les caves, il pleut, il pleut toujours, nettoyage
  • 7 Janv : Repos, fausse alerte, canonnade
  • 8 Janv : Changement de cave, liaison, pluie
  • 9 Janv : Repos, écritures, pluie, peinard
  • 10 Janv : Bombardement intense, obus dans la maison de la cave, et dans le bureau de Louis
  • 11 Janv : Gourbis, bombardement, clocher entièrement démolis, incendie - pluie
  • 12 Janv : Travail de nuit, temps infecte
  • 13 Janv : De garde, nuit pénible dans l’eau et la boue
  • 14 Janv : En route pour Sailly, nettoyage (mentalité de paysans)
  • 15 Janv : Pluie, théorie, journée calme
  • 16 Janv : Marche militaire, nuit froide
  • 17 Janv : Dimanche, repos
  • 18 Janv : Retour aux gourbis, neige
  • 19 Janv : Dégel, bourbier immonde, gourbis
  • 20 Janv : De garde, patrouilles mouvementées, pluie, nuit très dure
  • 21 Janv : Cave, nettoyage, il pleut toujours
  • 22 Janv : Gelée, les obus pleuvent durs, gourbis
  • 23 Janv : Changement de gourbis, dégel
  • 24 Janv : Repos dans les caves d’Hébuterne
  • 25 Janv : id, liaison
  • 26 Janv : De garde aux issues
  • 27 Janv : Fausse alerte à 3h du matin
  • 28 Janv : Revue d’armes
  • 29 Janv : Garde aux issues, combat d’aéros, grosses marmites éclatent
  • 30 Janv : Gourbis, pluie, dégel, terrassements
  • 31 Janv : De garde, neige, patrouille en treillis, clair de lune magnifique

Février

  • 1er Fév : Caves, nettoyage
  • 2 Fév : Gourbis, travail de nuit, pluie
  • 3 Fév : Gourbis, transports de briques
  • 4 Fév : De garde, beau temps
  • 5 Fév : En route pour Sailly, visite
  • 6 Fév : Vaccination
  • 7 Fév : Théorie, averses
  • 8 Fév : Repos, libations
  • 9 Fév : Théorie, pluie
  • 10 Fév : Corvée d’eau, marmites tombent à Sailly
  • 11 Fév : Tranchées, nettoyage des boyaux
  • 12 Fév : Transport de briques, patrouille avancée
  • 13 Fév : De garde, pluie, vent glacial, marmite dans la tranchée
  • 13 Fév : Caves, pluie continuelle
  • 14 Fév : 7h de garde, terrassements
  • 15 Fév : Transport de briques, patrouille
  • 16 Fév : Caves, pluie, piquet
  • 17 Fév : 18h de garde, boue, bombardement aérien
  • 18 Fév : Repos relatif
  • 19 Fév : 18h de garde dont toute la nuit
  • 20 Fév : Caves, nettoyage
  • 21 Fév : Caves, fausse alerte à 3h du matin
  • 22 Fév : Caves, fausse alerte à 3h du matin
  • 23 Fév : Peinard à Hébuterne
  • 24 Fév : De garde, bombardement, neige, gelée, nuit très dure
  • 25 Fév : Repos aux gourbis
  • 26 Fév : Terrassier de jour, 12h de garde la nuit
  • 27 Fév : Dormi la journée, le soir patrouille, couché 2h dans la boue, arrivé près des tranchées adverses, 2 de nos sentinelles tuées
  • 28 Fév : 24h de garde, froid, marmites, neige

Mars

  • 1er Mars : Repos aux gourbis
  • 2 Mars : Sailly, revue d’armes
  • 3 Mars : Fabriqué gabions
  • 4 Mars : Repos aux courants d’air
  • 5 Mars : Revues, théorie
  • 6 Mars : Piquet, jeu de dames
  • 7 Mars : Messe, sermon, averses
  • 8 Mars : Retour aux tranchées, patrouille
  • 9 Mars : De garde, bise glaciale, marmites
  • 10 Mars : Repos aux gourbis, neige gelée
  • 11 Mars : Nettoyage des boyaux
  • 12 Mars : Porte boules de pain en avant
  • 13 Mars : De garde, beau temps
  • 14 Mars : Repos, corvée de déménagement
  • 15 Mars : Caves, soirée de départ
  • 16 Mars : Départ d’Hébuterne, après un stage de 4 mois ½, arrivée à Pommier, 18 kil d’Arras, étape pénible
  • 17 Mars : Pommier, grange Kolossale, revue d’armes
  • 18 Mars : Revue du commandant, marche militaire
  • 19 Mars : Pose de réseaux avec le génie toute la journée
  • 20 Mars : Joué aux barres, exercice
  • 21 Mars : Dimanche, belle journée, dormi au soleil
  • 22 Mars : Jeux, Marche militaire
  • 23 Mars : Fabrique gourbis
  • 24 Mars : Exercices, course, gagné paquet de tabac
  • 25 Mars : Repas, revue d’armes, abattu avion
  • 26 Mars : Travail dans le bois, cuisine roulante
  • 27 Mars : Creuse boyaux en arrière
  • 28 Mars : Football, exercice
  • 29 Mars : De garde aux issues
  • 30 Mars : Travail au bois
  • 31 Mars : Exercices, jeu de barres

Avril

  • 1er Avril : Marche militaire
  • 2 Avril : De garde poste de police
  • 3 Avril : Fabriqué claies et fascines, bois de la Herlière
  • 4 Avril : Pâques, repos réveil à 11h du soir, dep. à minuit pour tranchées devant Monchy, cadavres sur le terrain, 100 m de l’ennemi, fusillade incessante, pluie boue, boyau interminable
  • 5 Avril : En 1ère ligne dans la boue
  • 6 Avril : Sale temps, cafard, garde la moitié de la nuit, giboulées
  • 7 Avril : Giboulées, même situation
  • 8 Avril : De garde comme d’habitude, nettoyage du boyau
  • 9 Avril : Toujours à la tranchée, temps relativement beau
  • 10 Avril : Relève à 3h du matin, repas à Bienvillers, nettoyage, revues, le soir transport de matériaux à la tranchée
  • 11 Avril : Corvées dans les boyaux
  • 12 Avril : Repos, douches, corvées le soir
  • 13 Avril : De garde aux issues posté dans une chapelle, transport de matériaux accueillis par une salve et une fusillade
  • 14 Avril : Corvées après-midi
  • 15 Avril : Retour aux tranchées, beau temps, le soir mauvais nouvelle, cafard
  • 16 Avril : Aux tranchées, 6h de garde par nuit, bombardement infernal de part et d’autre. Gros chagrin
  • 17 Avril : Cafard, beau temps, les balles pleuvent Coiffé blessé
  • 18 Avril : Beau temps, canonade des 75
  • 19 Avril : Rien de nouveau, moral faible
  • 20 Avril : Pendant ces six jours, corvées pénibles dans l’interminable boyau, retour à Bienvillers à 9h du soir
  • 21 Avril : Nettoyage d’effets, corvées nocturnes
  • 22 Avril : Corvées diverses
  • 23 Avril : Bombardement des 75
  • 24 Avril : Corvées toute la journée
  • 25 Avril : De garde aux issues
  • 26 Avril : Relève, retour dans la grange de Pommier, repas
  • 27 Avril : Revues par le commandant
  • 28 Avril : Exercice, football, la nuit les marmites tombent tout près de nous
  • 29 Avril : Marche militaire
  • 30 Avril : Travaux avec le génie

Mai

  • 1er Mai : Repos, corvées de bois
  • 2 Mai : Dimanche, exercice l’après-midi
  • 3 Mai : Travaux décommandés, bruits d’offensive
  • 4 Mai : Exercice, vue Reobustel
  • 5 Mai : Bain dans un tonneau
  • 6 Mai : Revue d’armes, exercice
  • 7 Mai : Exercices abrutissants
  • 8 Mai : De garde aux issues
  • 9 Mai : Tiré de l’eau au puit toute la journée. Canonade infernale au Nord
  • 10 Mai : Encore exercice, les combats continuent sur Arras
  • 11 Mai : Marche militaire (22km) esquinté
  • 12 Mai : Re-exercice, Louise malade, cafard (n.b : sa femme Marie-Louise)
  • 13 Mai : Cafard, revue d’armes
  • 14 Mai : Pluie, théorie
  • 15 Mai : Repos, à 8 heures retour aux tranchées devant Monchy, les ennemis sont plus calmes, pris la garde en arrivant jusqu’à minuit
  • 16 Mai : Corvées diverses, à 8h la pluie tombe à verse. 4 heures de garde sous la pluie dans l’eau jusqu’aux genoux
  • 17 Mai : À 4h du matin, corvées de nettoyage dans l’eau
  • 18 Mai : Beau temps, dialogue international
  • 19 Mai : Corvées, les boches font du pétard
  • 20 Mai : Les tranchées empoisonnent
  • 21 Mai : Relève à 3 heures. Nettoyage, corvées de nuit
  • 22 Mai : De garde à la signalisation, le canon gronde fort sur nous
  • 23 Mai : Pentecôte, repos, rêvasseries ; nous apprenons la déclaration de guerre de l’Italie, le soir grand tintamarre dans les tranchées où nous allons en corvées
  • 24 Mai : Terrassements toute la journée, corvée nocturne
  • 25 Mai : À 2h du matin : relève, retour aux tranchées
  • 26 Mai : Corvées diverses, les demi-nuits semblent moins longues
  • 27 Mai : Terrassements
  • 28 Mai : Les 75 bombardent Monchy, les réponses sont médiocres
  • 29 Mai : Corvées diverses
  • 30 Mai : Joué aux dames, corvées dans le boyau
  • 31 Mai : Relève des tranchées pour Bienvillers

Juin

  • 1er Juin : De garde à la signalisation
  • 2 Juin : Corvée nocturne
  • 3 Juin : Terrassement toute la journée, creuse un boyau
  • 4 Juin : Repos, promenade dans le boyau le soir
  • 5 Juin : De garde à la signalisation, bain de lézard
  • 6 Juin : Retour aux tranchés, bombardement de Monchy, canonade sur Hébuterne
  • 7 Juin : Alerte, attaque sur la gauche, les tranchées de Monchy volent en poussière
  • 8 Juin : La bataille fait rage sur Hébuterne, les tranchées d’en face en voient de cruelles
  • 9 Juin : Le canon gronde partout, les résultats sont bons
  • 10 Juin : Relève à 2 heures, corvées à Bienvillers toute la journée, le soir, ballade à la tranchée avec des matériaux
  • 11 Juin : Repos, nettoyage
  • 12 Juin : De garde à la signalisation, le canon fait toujours rage
  • 13 Juin : Corvées diverses, les obus tombent à Bienvillers
  • 14 Juin : Travail dans le bois de la Busèque toute la journée
  • 15 Juin : Retour aux tranchées à 2 heures du matin, ce matin violente attaque à Hébuterne
  • 16 Juin : Toujours une demi-nuit de garde, il y a du calme dans les environs
  • 17 Juin : Canonade intense sur Arras
  • 18 Juin : Chaleur suffocante
  • 19 Juin : Nous recevons qq obus (1 scrapnell au poignet)
  • 20 Juin : Relève pour Bienvillers, de garde à la signalisation en arrivant
  • 21 Juin : Repos, nettoyage
  • 22 Juin : Terrassements toute la journée (agrandi une tranchée) les obus tombent sur le pays
  • 23 Juin : Douches, corvées nocturnes
  • 24 Juin : De garde aux signaux, pluie
  • 25 Juin : Retour à la tranchée, sous la pluie et la boue, brouillard intense
  • 26 Juin : Pluie, corvées dans la boue, garde sous la flotte
  • 27 Juin : Un peu de soleil la journée, le soir il repleut
  • 28 Juin : Pluie, boue, corvées, situation calme
  • 29 Juin : Nettoyage des boyaux
  • 30 Juin : Arrivée à Bienvillers, repos (malaise)

Juillet

  • 1er Juillet : Nettoyage des effets, revues
  • 2 Juillet : De garde aux issues
  • 3 Juillet : Vu Collignon, bruits de permissions
  • 4 Juillet : Travaux toute la journée
  • 5 Juillet : Repos, relève à 8h du soir
  • 6 Juillet : Rien de nouveau à la tranchée
  • 7 Juillet : Corvées diverses
  • 8 Juillet : Situation calme
  • 9 Juillet : Temps pluvieux
  • 10 Juillet : 22 obus tombent sur la tranchée, dégâts matériels, que du choux coupé, relève à 8 heures
  • 11 Juillet : Relève, nettoyage du cantonnement
  • 12 Juillet : Corvées de quartier dans les rues de Bienvillers
  • 13 Juillet : Départ de Louis, cafard, manille
  • 14 Juillet : De garde aux signaux (poste du commandant) repas de gala, cigares, il pleut
  • 15 Juillet : Marche militaire, pluie, relève à 8h ½ du soir
  • 16 Juillet : Corvées diverses dans la tranchée, mauvais temps, nuit fraiche
  • 17 Juillet : Temps pluvieux, boue, les boches sont calmes
  • 18 Juillet : Partie de piquet, q.q. obus tombent tout près
  • 19 Juillet : Journée calme, état d’esprit déplorable dans le gourbi
  • 20 Juillet : Corvées diverses, relève à 9 heures
  • 21 Juillet : Nettoyage des armes et des effets, corvée dans le boyau le soir
  • 22 Juillet : Retour de Louis, réception émue, copieuse libation, de garde à la signalisation
  • 23 Juillet : De garde toute la journée
  • 24 Juillet : Le matin marche de 25 kilomètres, le soir travaillé à décharger de camions, journée esquintante
  • 25 Juillet : Journée de repos, le soir relève à 8h ½
  • 26 Juillet : Toujours même vie de tranchée, clair de lune magnifique, les jours diminuent
  • 27 Juillet : Les marmites tombent tout autour de nous, dégâts purement matériels
  • 28 Juillet : Il tombe une averse, situation des plus calmes
  • 29 Juillet : Beau temps, corvées diverses
  • 30 Juillet : Cela devient rasoire pareille monotonie, toujours la même chose (chasse aux rats), relève à 9 heures
  • 31 Juillet : Nettoyage des frusques, nommé grenadier

Août

  • 1er Août : Louis part travailler à Paris, gros chagrin, anniversaire de la mobilisation
  • 2 Août : Repos, corvées le soir sous la pluie
  • 3 Août : Marche et exercice le matin, de garde l’après-midi, corvée le soir
  • 4 Août : Corvées sous la pluie le matin, exercice dans la cour l’après-midi, relève mouvementée le soir
  • 5 Août : Pluie, la garde et les corvées ne laissent pas une minute
  • 6 Août : Fatigué, il pleut. Corvées, les boches calmes
  • 7 Août : Garde habituelle, corvées
  • 8 Août : Soleil, journée calme
  • 9 Août : Il pleut, relève dans 50 centimètres d’eau sous une averse abominable, traversé de pluie et de sueur
  • 10 Août : Exercices le matin dans la cour, passé l’après-midi avec Colignon, à 6 heures de garde aux issues
  • 11 Août : Passé la journée de garde, corvée nocturne
  • 12 Août : Repos le matin, douches, travaillé dans le boyau l’après-midi
  • 13 Août : Debout à 3h du matin, marche de 20 kilomètres, après-midi confection du boyau, le soir corvée à Monchy, esquinté
  • 14 Août : Théorie, exercice, le soir relève aux tranchées ; les obus tombent sur Bienvillers, deux à 20 m de moi, le soir fusillade et grenades sur les tranchées
  • 15 Août : Journée maussade, corvées sous une averse et dans l’eau, trempé comme un canard
  • 16 Août : Bombardement des tranchées ennemies par les 75 et 155
  • 17 Août : Le bombardement reprend comme la veille, faibles réponses
  • 18 Août : Les tranchées adverses sont démolies par des torpilles aériennes, effet formidable
  • 19 Août : Reçu q.q. obus sur notre tranchée, le soir relève à 9h –malade coliques – journée pénible
  • 20 Août : Malade exempt de service, reste couché toute la journée
  • 21 Août : Toujours coliques et dysenterie
  • 22 Août : Repos, faible mais guéri
  • 23 Août : Exercice de grenades à Pas-en-Artois, pas d’exercice pratique, la veille grave accident, très fatigué
  • 24 Août : Théorie et exercice, le soir à 8h ½ retour à la tranchée
  • 25 Août : Brouillard intense, allemand tiré sur son parapet
  • 26 Août : Complètement guéri, belle journée, situation calme
  • 27 Août : Bombardement des tranchées adverses avec torpilles aériennes
  • 28 Août : Il pleut, visite d’officiers anglais, on parle de relève
  • 29 Août : Mauvais temps, retour à Bienvillers sous la pluie
  • 30 Août : Exercice de grenades, sergent blessé, nettoyage des effets
  • 31 Août : Grenades, il pleut

Septembre

  • 1er 7bre : id. les anglais arrivent, la relève approche. Un obus tombe sur le tonneau de vin de la compagnie
  • 2 7bre : Grenades, un obus tue deux merles devant notre cuisine
  • 3 7bre : Grenades, revue en tenue de départ, les anglais pullulent dans les rues, il pleut
  • 4 7bre : Réveil à 2h du matin, départ 2h ½, nous sommes enfin relevés par les anglais, il y en a plein les rues, halte à Souastre, de 4h à 8h, attente dans un pré, on gèle, on cantonne dans le village, couché dans un grenier, bien dormi
  • 5 7bre : Nous restons à Souastre jusqu’à midi, les anglais pullulent, à 1h, embarquement en automobile, beau temps, voyage superbe, nous passons par Pas-en-Artois, Doullens, Frévent, St Pol, Crépy-en-Artois, nous descendons, nous cantonnons 1 K plus loin à Ambricourt, nuit froide, nous mangeons à nos frais
  • 6 7bre : Belle journée, nettoyage, nous jouons aux cartes et dormons bien, on parle de la suppression des permissions, effet démoralisant
  • 7 7bre : Repos, belle journée, partie de cartes
  • 8 7bre : Marche militaire de 17 kilomètres, il y a partout des plantations de tabac et des cochons, rentrés esquintés, terrain accidenté
  • 9 7bre : Exercice de régiment, chaleur torride, revues théories, revue d’arme, c’est la barbe !
  • 10 7bre : Comme repos exercice toute la matinée au soleil, revues
  • 11 7bre : Exercice de brigade par une chaleur torride
  • 12 7bre : Dimanche, repos
  • 13 7bre : Marche militaire, 20 kilomètres, rentré esquinté. Revues, moral abattu
  • 14 7bre : Exercices sur le terrain de manœuvre
  • 15 7bre : Marche militaire de 22 kilomètres, très fatigué
  • 16 7bre : Exercice de brigade, mangé sur le terrain
  • 17 7bre : Repos le matin, préparatif de départ, sac extrêmement lourd, à 3 heures départ pour la gare de Esdin à 7 kilom, arrivés en sueur, à 9 heures du soir le train part, voyage dans des wagons non aménagés, tour fantastique, passés par Hazebrouck, St Omer, Calais, Boulogne-sur-Mer, Abbeville, Amiens, St Just, Creil, Le Bourget (vu Paris), Noisy-le-Sec, Meaux, Château-Thierry, Epernay ou l’on débarque le 18 à 10h ½ du soir, étape de 15 kilom, arrivés fourbus en sueur à 3h du matin, attendu dehors jusqu’à 5h à Louis-sur-Marne où nous cantonnons belle journée, beau pays, bon vin
  • 20 7bre : Journée calme passée à Tours, préparatifs de départ, à 7h ½ nous quittons le cantonnement, 20 kil dans la nuit
  • 21 7bre : À 1h du matin, arrivée dans le Bois de sapins des Loges, couchés sur la dure à la belle étoile, le matin montage des tentes, une ville remonte dans le bois, le canon gronde, état moral déplorable par suite de suppressions des permissions. Beau temps, touché une montre comme récompense du capitaine, beau temps
  • 22 7bre : Bien dormi sous la tente, cafard, à 10 heures il faut tout démonter, à 11 heures, en route par une chaleur tropicale, marche pénible étape de 18 kilom, arrêt au camp de Châlons où nous campons dans un gourbi pour monter la garde 24 heures, le canon gronde, l’attente de l’attaque est long
  • 23 7bre : Nous montons nos tentes le soir et couchons sur la dure, le canon fait rage, grand remue-ménage, ça sent le coup dur, on touche des casques
  • 24 7bre : Réveillé par le canon, on allège les sacs, préparatifs d’offensive, les blessés défilent déjà, distribution de cartouches, on brûle ses lettres en pensant aux siens, on doit partir demain, de quoi sera-t-il fait ce demain ? nous ne dormons pas, le canon fait rage, départ à minuit
  • 25 7bre : Étape de 8 kilom vers le nord-est aux environs de St Hilaire, de 2h du matin à 4 heures attente dans un pré, nous recevons déjà pas mal de grosses marmites, plusieurs victimes, c’est le début, en route par un boyau de 4 kilomètres, nous rencontrons de nombreux blessés. Les obus pleuvent, et combe de bonheur il pleut, dans la boue nous avançons, nous quittons les boyaux et nous nous déployons en plaine sous les obus, nous arrivons aux premières lignes, les allemands sont repoussés par les zouaves et les tirailleurs, pertes pénibles, partout des blessés, la pluie n’arrête pas, nous quittons la position le soir à 8 heures après avoir subi un bombardement avec des gaz asphyxiants – parmi les blessés – capitaine Labit, Tonnelien, Brugevin, Lémann – le soir nous mangeons la soupe à 11h ½ et à 1h ½ nous partons dans un secteur voisin
  • 26 7bre : Sans avoir dormi et sous la pluie, nous partons dans un secteur voisin près de Souain, après diverses péripéties et marches, nous sommes en réserve près des 75, nous subissons un bombardement terrible avec de gros obus, il y a de nombreuses victimes, je me trouve enseveli sous un monceau de terre, pas de mal, le soir nous partons soutenir une attaque qui se livre sans nous, mais nous recevons encore des obus, nous couchons dans un pré sous la pluie, parmi les pertes Lt Baques tué, Thomassin coupé en deux, Beauvais, Barbaise, Templier, Duriez etc
  • 27 7bre : Journée encore pluvieuse, harassé, soutien d’artillerie dès l’aube, encore sous les obus, les 75 bombardent avec un entrain inconnu pendant 3 heures. Les obus boches éventrent des chevaux, font sauter un caisson, broyent des hommes, c’est affreux, le soir nous partons en reconnaissance en avant des lignes, le terrain est désert mais nous sommes reçus par une fusillade, nous occupons la place et couchons en 1ère ligne, nous avons à subir un bombardement féroce, notre ravitaillement est bombardé, des râles dans la nuit, des chevaux éventrés, parmi les victimes – à la Cie plusieurs morts, Verfinet, Lt Michel, Jarisse, blessés etc
  • 28 7bre : Nous fortifions la position, les obus pleuvent toujours, dans l’après-midi canonade effrayante des milliers d’obus nous tombent tout autour de nous. Il y a de quoi devenir fou, parmi les victimes à la Cie : Giraud tué, Couvé, Sauffert, Chambreland blessés etc … il pleut, on couche par terre et les obus pleuvent toujours, c’est abominable.
  • 29 7bre : L’ennemi s’est retranché formidablement, toutes les attaques échouent avec pertes énormes, le bombardement ne ralenti pas d’intensité, je deviens sourd, lassitude extrême, toujours des pertes – Lombard, Alic, blessés, journée pluvieuse on gèle et il faut encore coucher sur la terre
  • 30 7bre : Réveillé par le froid et les obus, exténué de fatigue, nous nous demandons si nous sortirons de cette passe.