Carnet de route de Gaston Marius Joseph Magnin
Memorandum
1er août : Mobilisation, appel individuel malade 6 août : Sursis un mois apporté par gendarme 6 7bre : Visite à Passy, bon pour le service 7 7bre : En route pour Chartres couché Cour d’Assises 8 7bre : Incorporé 29ème Cie. Coudray reconnu inapte 8 octobre : reconnu bon à partir, préparatifs 10 id : Visite de papa Morney, repas de gala 12 id : Visite de Louisette de Germinal, grande joie. (n.b : sa femme et son fils) 14 id : Départ des hôtes, grande peine 22 id : Départ de Chartres pour le front, nuit d’insomnie 23 id : arrivée à Villers Bretonneux, détachement diabolique, cantonné à Dernancourt 350ème 20ème Cie, revu Louis, couché poste de police (6 kil. Albert) 24 id : Travaillé à confection tranchées modernes 25 id : Même occupation que la veille 26 id : Réveil 4 heures, passé journée dans les bois, le soir parti pour Buire, de garde 27 id : Etape 25 kilom. cantonné à Vauchelles-les-Authie (Somme) 29 id : Etape 8 kilom. cantonné à Famechon (Pas-de-Calais) passé journée entière avec Louis 30 id : Journée calme, passée avec Louis et dans la paille 31 id : Bon repas midi, étape 15 kilm. cantonné à Sailly-au-bois, chemins défoncés, canon gronde 1er 9bre : Toussaint, beau temps, démarches pour changer de Compagnie, 6h ½ soir, départ pour tranchées, à Hébuterne, pays et clocher démolis, la nuit fusillade et canonade, baptême du feu 2 9bre : Journée passée dans la tranchée, jeu de cartes, bombardements, nuit calme 3 9bre : Toujours tranchée, obus éclatent très près, 7h de garde, réveillé 11h par attaque de nuit, balles sifflent, faction sous la rafale, planqué derrière talus (couverture à Jolivet) 4 9bre : Même position, q.q obus éclatent, nuit calme 5 9bre : Sans changement, toujours à Hébuterne, même tranchée reçu 1ère lettre de Louise (n.b : Marie Louise, sa femme) 6 9bre : Corvées toute la journée, le soir bombardement intense ; visité pays et église en ruines, spectacle navrant 7 9bre : Joué aux cartes, le soir de garde, balles sifflent, vu chasseur à pied tué 8 9bre : Aucun changement, toujours même tranchée 9 9bre : Brouillard intense, rien de nouveau 10 9bre : Alerte à 3 heures, à 8h patrouille, nuit noire, méprise dangereuse avec territoriaux, retour sous la pluie 11 9bre : Patrouille 3h du matin, 5h ½ chasseurs attaquent, fausse tranchée allemande, 100 victimes, midi obus éclatent à 20 mètres, 6h de garde, orage, canonade infernale 12 9bre : Même tranchée, repos, nuit calme 13 9bre : Vendredi, passé en 1ère ligne, tranchées boueuses, de garde, balles sifflent, toujours froid 14 9bre : même tranchée, 400m ennemis, obus et balles sifflent toujours, froid 15 9bre : Gelée, neige, pluie, boue jusqu’au cou, bombardé par les 75, à 6h soir garde à barricade, à genoux dans la boue, vrai déluge 16 9bre : De garde toute la journée, pluie continuelle, les tranchées sont un vrai marécage, à 6h relève de garde, il pleut toujours 17 9bre : À 4h matin, relevé des tranchées, il gèle, occupé casemates dites de repos, toujours à Hébuterne, journée superbe, nettoyage d’effets qui étaient des monceaux de boue 18 9bre : Forte gelée, bien dormi, beau temps, corvées, le soir de garde, corvées toute la nuit 19 9bre : De garde, attaque au matin, autos mitrailleuses. Forte canonade, nombreuses victimes, échec. Neige, bien dormi 20 9bre : Réveil sous la neige, vu Louis, journée calme relativement 21 9bre : 4h matin, passé en 1ère ligne, de garde de midi à 6h froid intense 22 9bre : De garde de minuit à 6h du matin, littéralement gelés. À 8h changé de Cie, 22ème, heureux. Passé bonne nuit dans une cave 23 9bre : Journée calme, passée dans nouveau gourbi la nuit travail aux tranchées 24 9bre : Travail aux tranchées jusqu’à 11h du soir, nuit calme 25 9bre : De garde, mauvais temps, nuit pénible, mauvais temps (froid et neigeux) 26 9bre : Repos dans la cave, revues, nettoyage, bien dormi 27 9bre : Arraché patates, terrassements la nuit 28 9bre : Terrassements dans la boue, marmites éclatent toujours, le soir furieux bombardements 29 9bre : De garde, toujours la vase, pas fermé l’œil 30 9bre : Repos relatif à la cave 1er Xbre : Terrassements la journée, de garde la nuit 2 Xbre : Terrassements jour et nuit, en avant des lignes 3 Xbre : De garde pour changer, temps passable 4 Xbre : Repos dans les caves, revue de détail, marmite éclate à 10 mètres 5 Xbre : De garde aux issues, poste dans la cave 6 Xbre : Passé à la cave, corvées sous les scrapnells 7 Xbre : Journée calme, reçu colis, cave, fausse alerte 8 Xbre : Repos avec Louis, bonne journée 9 Xbre : Retour aux tranchées, dans la vase, terrassements de nuit 10 Xbre : Autres tranchées, nettoyage des tranchées 11 Xbre : De garde, ballade en avant des lignes, rapporté trophés, nuit abominable, pluie intense, record de la saleté, nettoyage dans la mare 12 Xbre : Journée passée à nettoyer, nuit dans la cave 13 Xbre : En route pour Sailly, revues diverses, couché grenier 14 Xbre : Il pleut, exercices dans les prés 15 Xbre : Même temps, exercices dans la cour, amabilité du logeur 16 Xbre : Alerte à 3h, retour à Hébuterne, attente dans les caves, couché à Sailly 17 Xbre : Retour aux tranchées, corvées, couché dans la cave 18 Xbre : Arrivée aux gourbis, corvées six heures de garde, pluie, état lamentable, tranchée éboulée, le canon fait rage sur Albert 19 Xbre : Il pleut toujours, corvées, que de boue ! que de boue ! bombardement du château 20 Xbre : Garde de 24 heures, enlizé dans la boue, très pénible 21 Xbre : Nettoyage, revues 22 Xbre : Repos. Patrouille de nuit à la ferme 23 Xbre : Repos complet dans les caves 24 xbre : De garde au colonel, champagne à minuit 25 Xbre : Repos dans les caves d’Hébuterne, gelée 26 Xbre : Retour aux gourbis, corvées, 6h de garde 27 Xbre : Pluie, corvées, le soir patrouille en avant de travailleurs, reçu par fusillade intense et par les obus. Louis manque d’écoper 28 xbre : Garde aux avants postes, dégel, pluie, boue, éboulements, vent glacial, marmite tombe à 5 mètres, très pénible 29 Xbre : Repos à Sailly, nettoyage, revues 30 Xbre : Exercices, grange aérée 31 Xbre : Pluie continuelle, repos forcé 1er Janv : Repas de gala, champagne, chœurs, journée tranquille 2 Janv : Retour Hébuterne par la pluie, calme complet 3 Janv : Gourbis, vase, agent de liaison 4 Janv : Pluie, neige, vrai marécage 5 Janv : De garde aux tranchées, bombardement, boue, pluie 6 Janv : En route pour Sailly les caves, il pleut, il pleut toujours, nettoyage 7 Janv : Repos, fausse alerte, canonnade 8 Janv : Changement de cave, liaison, pluie 9 Janv : Repos, écritures, pluie, peinard 10 Janv : Bombardement intense, obus dans la maison de la cave, et dans le bureau de Louis 11 Janv : Gourbis, bombardement, clocher entièrement démolis, incendie - pluie 12 Janv : Travail de nuit, temps infecte 13 Janv : De garde, nuit pénible dans l’eau et la boue 14 Janv : En route pour Sailly, nettoyage (mentalité de paysans) 15 Janv : Pluie, théorie, journée calme 16 Janv : Marche militaire, nuit froide 17 Janv : Dimanche, repos 18 Janv : Retour aux gourbis, neige 19 Janv : Dégel, bourbier immonde, gourbis 20 Janv : De garde, patrouilles mouvementées, pluie, nuit très dure 21 Janv : Cave, nettoyage, il pleut toujours 22 Janv : Gelée, les obus pleuvent durs, gourbis 23 Janv : Changement de gourbis, dégel 24 Janv : Repos dans les caves d’Hébuterne 25 Janv : id, liaison 26 Janv : De garde aux issues 27 Janv : Fausse alerte à 3h du matin 28 Janv : Revue d’armes 29 Janv : Garde aux issues, combat d’aéros, grosses marmites éclatent 30 Janv : Gourbis, pluie, dégel, terrassements 31 Janv : De garde, neige, patrouille en treillis, clair de lune magnifique 1er Fév : Caves, nettoyage 2 Fév : Gourbis, travail de nuit, pluie 3 Fév : Gourbis, transports de briques 4 Fév : De garde, beau temps 5 Fév : En route pour Sailly, visite 6 Fév : Vaccination 7 Fév : Théorie, averses 8 Fév : Repos, libations 9 Fév : Théorie, pluie 10 Fév : Corvée d’eau, marmites tombent à Sailly 11 Fév : Tranchées, nettoyage des boyaux 12 Fév : Transport de briques, patrouille avancée 13 Fév : De garde, pluie, vent glacial, marmite dans la tranchée 13 Fév : Caves, pluie continuelle 14 Fév : 7h de garde, terrassements 15 Fév : Transport de briques, patrouille 16 Fév : Caves, pluie, piquet 17 Fév : 18h de garde, boue, bombardement aérien 18 Fév : Repos relatif 19 Fév : 18h de garde dont toute la nuit 20 Fév : Caves, nettoyage 21 Fév : Caves, fausse alerte à 3h du matin 22 Fév : Caves, fausse alerte à 3h du matin 23 Fév : Peinard à Hébuterne 24 Fév : De garde, bombardement, neige, gelée, nuit très dure 25 Fév : Repos aux gourbis 26 Fév : Terrassier de jour, 12h de garde la nuit 27 Fév : Dormi la journée, le soir patrouille, couché 2h dans la boue, arrivé près des tranchées adverses, 2 de nos sentinelles tuées 28 Fév : 24h de garde, froid, marmites, neige 1er Mars : Repos aux gourbis 2 Mars : Sailly, revue d’armes 3 Mars : Fabriqué gabions 4 Mars : Repos aux courants d’air 5 Mars : Revues, théorie 6 Mars : Piquet, jeu de dames 7 Mars : Messe, sermon, averses 8 Mars : Retour aux tranchées, patrouille 9 Mars : De garde, bise glaciale, marmites 10 Mars : Repos aux gourbis, neige gelée 11 Mars : Nettoyage des boyaux 12 Mars : Porte boules de pain en avant 13 Mars : De garde, beau temps 14 Mars : Repos, corvée de déménagement 15 Mars : Caves, soirée de départ 16 Mars : Départ d’Hébuterne, après un stage de 4 mois ½, arrivée à Pommier, 18 kil d’Arras, étape pénible 17 Mars : Pommier, grange Kolossale, revue d’armes 18 Mars : Revue du commandant, marche militaire 19 Mars : Pose de réseaux avec le génie toute la journée 20 Mars : Joué aux barres, exercice 21 Mars : Dimanche, belle journée, dormi au soleil 22 Mars : Jeux, Marche militaire 23 Mars : Fabrique gourbis 24 Mars : Exercices, course, gagné paquet de tabac 25 Mars : Repas, revue d’armes, abattu avion 26 Mars : Travail dans le bois, cuisine roulante 27 Mars : Creuse boyaux en arrière 28 Mars : Football, exercice 29 Mars : De garde aux issues 30 Mars : Travail au bois 31 Mars : Exercices, jeu de barres 1er Avril : Marche militaire 2 Avril : De garde poste de police 3 Avril : Fabriqué claies et fascines, bois de la Herlière 4 Avril : Pâques, repos réveil à 11h du soir, dep. à minuit pour tranchées devant Monchy, cadavres sur le terrain, 100 m de l’ennemi, fusillade incessante, pluie boue, boyau interminable 5 Avril : En 1ère ligne dans la boue 6 Avril : Sale temps, cafard, garde la moitié de la nuit, giboulées 7 Avril : Giboulées, même situation 8 Avril : De garde comme d’habitude, nettoyage du boyau 9 Avril : Toujours à la tranchée, temps relativement beau 10 Avril : Relève à 3h du matin, repas à Bienvillers, nettoyage, revues, le soir transport de matériaux à la tranchée 11 Avril : Corvées dans les boyaux 12 Avril : Repos, douches, corvées le soir 13 Avril : De garde aux issues posté dans une chapelle, transport de matériaux accueillis par une salve et une fusillade 14 Avril : Corvées après-midi 15 Avril : Retour aux tranchées, beau temps, le soir mauvais nouvelle, cafard 16 Avril : Aux tranchées, 6h de garde par nuit, bombardement infernal de part et d’autre. Gros chagrin 17 Avril : Cafard, beau temps, les balles pleuvent Coiffé blessé 18 Avril : Beau temps, canonade des 75 19 Avril : Rien de nouveau, moral faible 20 Avril : Pendant ces six jours, corvées pénibles dans l’interminable boyau, retour à Bienvillers à 9h du soir 21 Avril : Nettoyage d’effets, corvées nocturnes 22 Avril : Corvées diverses 23 Avril : Bombardement des 75 24 Avril : Corvées toute la journée 25 Avril : De garde aux issues 26 Avril : Relève, retour dans la grange de Pommier, repas 27 Avril : Revues par le commandant 28 Avril : Exercice, football, la nuit les marmites tombent tout près de nous 29 Avril : Marche militaire 30 Avril : Travaux avec le génie 1er mai : Repos, corvées de bois 2 Mai : Dimanche, exercice l’après-midi 3 Mai : Travaux décommandés, bruits d’offensive 4 Mai : Exercice, vue Reobustel 5 Mai : Bain dans un tonneau 6 Mai : Revue d’armes, exercice 7 Mai : Exercices abrutissants 8 Mai : De garde aux issues 9 Mai : Tiré de l’eau au puit toute la journée. Canonade infernale au Nord 10 Mai : Encore exercice, les combats continuent sur Arras 11 Mai : Marche militaire (22km) esquinté 12 Mai : Re-exercice, Louise malade, cafard (n.b : sa femme Marie-Louise) 13 Mai : Cafard, revue d’armes 14 Mai : Pluie, théorie 15 Mai : Repos, à 8 heures retour aux tranchées devant Monchy, les ennemis sont plus calmes, pris la garde en arrivant jusqu’à minuit 16 Mai : Corvées diverses, à 8h la pluie tombe à verse. 4 heures de garde sous la pluie dans l’eau jusqu’aux genoux 17 Mai : À 4h du matin, corvées de nettoyage dans l’eau 18 Mai : Beau temps, dialogue international 19 Mai : Corvées, les boches font du pétard 20 Mai : Les tranchées empoisonnent 21 Mai : Relève à 3 heures. Nettoyage, corvées de nuit 22 Mai : De garde à la signalisation, le canon gronde fort sur nous 23 Mai : Pentecôte, repos, rêvasseries ; nous apprenons la déclaration de guerre de l’Italie, le soir grand tintamarre dans les tranchées où nous allons en corvées 24 Mai : Terrassements toute la journée, corvée nocturne 25 Mai : À 2h du matin : relève, retour aux tranchées 26 Mai : Corvées diverses, les demi-nuits semblent moins longues 27 Mai : Terrassements 28 Mai : Les 75 bombardent Monchy, les réponses sont médiocres 29 Mai : Corvées diverses 30 Mai : Joué aux dames, corvées dans le boyau 31 Mai : Relève des tranchées pour Bienvillers 1er Juin : De garde à la signalisation 2 Juin : Corvée nocturne 3 Juin : Terrassement toute la journée, creuse un boyau 4 Juin : Repos, promenade dans le boyau le soir 5 Juin : De garde à la signalisation, bain de lézard 6 Juin : Retour aux tranchés, bombardement de Monchy, canonade sur Hébuterne 7 Juin : Alerte, attaque sur la gauche, les tranchées de Monchy volent en poussière 8 Juin : La bataille fait rage sur Hébuterne, les tranchées d’en face en voient de cruelles 9 Juin : Le canon gronde partout, les résultats sont bons 10 Juin : Relève à 2 heures, corvées à Bienvillers toute la journée, le soir, ballade à la tranchée avec des matériaux 11 Juin : Repos, nettoyage 12 Juin : De garde à la signalisation, le canon fait toujours rage 13 Juin : Corvées diverses, les obus tombent à Bienvillers 14 Juin : Travail dans le bois de la Busèque toute la journée 15 Juin : Retour aux tranchées à 2 heures du matin, ce matin violente attaque à Hébuterne 16 Juin : Toujours une demi-nuit de garde, il y a du calme dans les environs 17 Juin : Canonade intense sur Arras 18 Juin : Chaleur suffocante 19 Juin : Nous recevons qq obus (1 scrapnell au poignet) 20 Juin : Relève pour Bienvillers, de garde à la signalisation en arrivant 21 Juin : Repos, nettoyage 22 Juin : Terrassements toute la journée (agrandi une tranchée) les obus tombent sur le pays 23 Juin : Douches, corvées nocturnes 24 Juin : De garde aux signaux, pluie 25 Juin : Retour à la tranchée, sous la pluie et la boue, brouillard intense 26 Juin : Pluie, corvées dans la boue, garde sous la flotte 27 Juin : Un peu de soleil la journée, le soir il repleut 28 Juin : Pluie, boue, corvées, situation calme 29 Juin : Nettoyage des boyaux 30 Juin : Arrivée à Bienvillers, repos (malaise) 1er Juillet : Nettoyage des effets, revues 2 Juillet : De garde aux issues 3 Juillet : Vu Collignon, bruits de permissions 4 Juillet : Travaux toute la journée 5 Juillet : Repos, relève à 8h du soir 6 Juillet : Rien de nouveau à la tranchée 7 Juillet : Corvées diverses 8 Juillet : Situation calme 9 Juillet : Temps pluvieux 10 Juillet : 22 obus tombent sur la tranchée, dégâts matériels, que du choux coupé, relève à 8 heures 11 Juillet : Relève, nettoyage du cantonnement 12 Juillet : Corvées de quartier dans les rues de Bienvillers 13 Juillet : Départ de Louis, cafard, manille 14 Juillet : De garde aux signaux (poste du commandant) repas de gala, cigares, il pleut 15 Juillet : Marche militaire, pluie, relève à 8h ½ du soir 16 Juillet : Corvées diverses dans la tranchée, mauvais temps, nuit fraiche 17 Juillet : Temps pluvieux, boue, les boches sont calmes 18 Juillet : Partie de piquet, q.q. obus tombent tout près 19 Juillet : Journée calme, état d’esprit déplorable dans le gourbi 20 Juillet : Corvées diverses, relève à 9 heures 21 Juillet : Nettoyage des armes et des effets, corvée dans le boyau le soir 22 Juillet : Retour de Louis, réception émue, copieuse libation, de garde à la signalisation 23 Juillet : De garde toute la journée 24 Juillet : Le matin marche de 25 kilomètres, le soir travaillé à décharger de camions, journée esquintante 25 Juillet : Journée de repos, le soir relève à 8h ½ 26 Juillet : Toujours même vie de tranchée, clair de lune magnifique, les jours diminuent 27 Juillet : Les marmites tombent tout autour de nous, dégâts purement matériels 28 Juillet : Il tombe une averse, situation des plus calmes 29 Juillet : Beau temps, corvées diverses 30 Juillet : Cela devient rasoire pareille monotonie, toujours la même chose (chasse aux rats), relève à 9 heures 31 Juillet : Nettoyage des frusques, nommé grenadier 1er août : Louis part travailler à Paris, gros chagrin, anniversaire de la mobilisation 2 août : Repos, corvées le soir sous la pluie 3 août : Marche et exercice le matin, de garde l’après-midi, corvée le soir 4 août : Corvées sous la pluie le matin, exercice dans la cour l’après-midi, relève mouvementée le soir 5 août : Pluie, la garde et les corvées ne laissent pas une minute 6 août : Fatigué, il pleut. Corvées, les boches calmes 7 août : Garde habituelle, corvées 8 août : Soleil, journée calme 9 août : Il pleut, relève dans 50 centimètres d’eau sous une averse abominable, traversé de pluie et de sueur 10 août : Exercices le matin dans la cour, passé l’après-midi avec Colignon, à 6 heures de garde aux issues 11 août : Passé la journée de garde, corvée nocturne 12 août : Repos le matin, douches, travaillé dans le boyau l’après-midi 13 août : Debout à 3h du matin, marche de 20 kilomètres, après-midi confection du boyau, le soir corvée à Monchy, esquinté 14 août : Théorie, exercice, le soir relève aux tranchées ; les obus tombent sur Bienvillers, deux à 20 m de moi, le soir fusillade et grenades sur les tranchées 15 août : Journée maussade, corvées sous une averse et dans l’eau, trempé comme un canard 16 août : Bombardement des tranchées ennemies par les 75 et 155 17 août : Le bombardement reprend comme la veille, faibles réponses 18 août : Les tranchées adverses sont démolies par des torpilles aériennes, effet formidable 19 août : Reçu q.q. obus sur notre tranchée, le soir relève à 9h –malade coliques – journée pénible 20 août : Malade exempt de service, reste couché toute la journée 21 août : Toujours coliques et dysenterie 22 août : Repos, faible mais guéri 23 août : Exercice de grenades à Pas-en-Artois, pas d’exercice pratique, la veille grave accident, très fatigué 24 août : Théorie et exercice, le soir à 8h ½ retour à la tranchée 25 août : Brouillard intense, allemand tiré sur son parapet 26 août : Complètement guéri, belle journée, situation calme 27 août : Bombardement des tranchées adverses avec torpilles aériennes 28 août : Il pleut, visite d’officiers anglais, on parle de relève 29 août : Mauvais temps, retour à Bienvillers sous la pluie 30 août : Exercice de grenades, sergent blessé, nettoyage des effets 31 août : Grenades, il pleut 1er 7bre : id. les anglais arrivent, la relève approche. Un obus tombe sur le tonneau de vin de la compagnie 2 7bre : Grenades, un obus tue deux merles devant notre cuisine 3 7bre : Grenades, revue en tenue de départ, les anglais pullulent dans les rues, il pleut 4 7bre : Réveil à 2h du matin, départ 2h ½, nous sommes enfin relevés par les anglais, il y en a plein les rues, halte à Souastre, de 4h à 8h, attente dans un pré, on gèle, on cantonne dans le village, couché dans un grenier, bien dormi 5 7bre : Nous restons à Souastre jusqu’à midi, les anglais pullulent, à 1h, embarquement en automobile, beau temps, voyage superbe, nous passons par Pas-en-Artois, Doullens, Frévent, St Pol, Crépy-en-Artois, nous descendons, nous cantonnons 1 K plus loin à Ambricourt, nuit froide, nous mangeons à nos frais 6 7bre : Belle journée, nettoyage, nous jouons aux cartes et dormons bien, on parle de la suppression des permissions, effet démoralisant 7 7bre : Repos, belle journée, partie de cartes 8 7bre : Marche militaire de 17 kilomètres, il y a partout des plantations de tabac et des cochons, rentrés esquintés, terrain accidenté 9 7bre : Exercice de régiment, chaleur torride, revues théories, revue d’arme, c’est la barbe ! 10 7bre : Comme repos exercice toute la matinée au soleil, revues 11 7bre : Exercice de brigade par une chaleur torride 12 7bre : Dimanche, repos 13 7bre : Marche militaire, 20 kilomètres, rentré esquinté. Revues, moral abattu 14 7bre : Exercices sur le terrain de manœuvre 15 7bre : Marche militaire de 22 kilomètres, très fatigué 16 7bre : Exercice de brigade, mangé sur le terrain 17 7bre : Repos le matin, préparatif de départ, sac extrêmement lourd, à 3 heures départ pour la gare de Esdin à 7 kilom, arrivés en sueur, à 9 heures du soir le train part, voyage dans des wagons non aménagés, tour fantastique, passés par Hazebrouck, St Omer, Calais, Boulogne-sur-Mer, Abbeville, Amiens, St Just, Creil, Le Bourget (vu Paris), Noisy-le-Sec, Meaux, Château-Thierry, Epernay ou l’on débarque le 18 à 10h ½ du soir, étape de 15 kilom, arrivés fourbus en sueur à 3h du matin, attendu dehors jusqu’à 5h à Louis-sur-Marne où nous cantonnons belle journée, beau pays, bon vin 20 7bre : Journée calme passée à Tours, préparatifs de départ, à 7h ½ nous quittons le cantonnement, 20 kil dans la nuit 21 7bre : À 1h du matin, arrivée dans le Bois de sapins des Loges, couchés sur la dure à la belle étoile, le matin montage des tentes, une ville remonte dans le bois, le canon gronde, état moral déplorable par suite de suppressions des permissions. Beau temps, touché une montre comme récompense du capitaine, beau temps 22 7bre : Bien dormi sous la tente, cafard, à 10 heures il faut tout démonter, à 11 heures, en route par une chaleur tropicale, marche pénible étape de 18 kilom, arrêt au camp de Châlons où nous campons dans un gourbi pour monter la garde 24 heures, le canon gronde, l’attente de l’attaque est long 23 7bre : Nous montons nos tentes le soir et couchons sur la dure, le canon fait rage, grand remue-ménage, ça sent le coup dur, on touche des casques 24 7bre : Réveillé par le canon, on allège les sacs, préparatifs d’offensive, les blessés défilent déjà, distribution de cartouches, on brûle ses lettres en pensant aux siens, on doit partir demain, de quoi sera-t-il fait ce demain ? nous ne dormons pas, le canon fait rage, départ à minuit 25 7bre : Étape de 8 kilom vers le nord-est aux environs de St Hilaire, de 2h du matin à 4 heures attente dans un pré, nous recevons déjà pas mal de grosses marmites, plusieurs victimes, c’est le début, en route par un boyau de 4 kilomètres, nous rencontrons de nombreux blessés. Les obus pleuvent, et combe de bonheur il pleut, dans la boue nous avançons, nous quittons les boyaux et nous nous déployons en plaine sous les obus, nous arrivons aux premières lignes, les allemands sont repoussés par les zouaves et les tirailleurs, pertes pénibles, partout des blessés, la pluie n’arrête pas, nous quittons la position le soir à 8 heures après avoir subi un bombardement avec des gaz asphyxiants – parmi les blessés – capitaine Labit, Tonnelien, Brugevin, Lémann – le soir nous mangeons la soupe à 11h ½ et à 1h ½ nous partons dans un secteur voisin 26 7bre : Sans avoir dormi et sous la pluie, nous partons dans un secteur voisin près de Souain, après diverses péripéties et marches, nous sommes en réserve près des 75, nous subissons un bombardement terrible avec de gros obus, il y a de nombreuses victimes, je me trouve enseveli sous un monceau de terre, pas de mal, le soir nous partons soutenir une attaque qui se livre sans nous, mais nous recevons encore des obus, nous couchons dans un pré sous la pluie, parmi les pertes Lt Baques tué, Thomassin coupé en deux, Beauvais, Barbaise, Templier, Duriez etc 27 7bre : Journée encore pluvieuse, harassé, soutien d’artillerie dès l’aube, encore sous les obus, les 75 bombardent avec un entrain inconnu pendant 3 heures. Les obus boches éventrent des chevaux, font sauter un caisson, broyent des hommes, c’est affreux, le soir nous partons en reconnaissance en avant des lignes, le terrain est désert mais nous sommes reçus par une fusillade, nous occupons la place et couchons en 1ère ligne, nous avons à subir un bombardement féroce, notre ravitaillement est bombardé, des râles dans la nuit, des chevaux éventrés, parmi les victimes – à la Cie plusieurs morts, Verfinet, Lt Michel, Jarisse, blessés etc 28 7bre : Nous fortifions la position, les obus pleuvent toujours, dans l’après-midi canonade effrayante des milliers d’obus nous tombent tout autour de nous. Il y a de quoi devenir fou, parmi les victimes à la Cie : Giraud tué, Couvé, Sauffert, Chambreland blessés etc … il pleut, on couche par terre et les obus pleuvent toujours, c’est abominable. 29 7bre : L’ennemi s’est retranché formidablement, toutes les attaques échouent avec pertes énormes, le bombardement ne ralenti pas d’intensité, je deviens sourd, lassitude extrême, toujours des pertes – Lombard, Alic, blessés, journée pluvieuse on gèle et il faut encore coucher sur la terre 30 7bre : Réveillé par le froid et les obus, exténué de fatigue, nous nous demandons si nous sortirons de cette passe.