Justin Clément Lemoine (1884-1914) : Différence entre versions

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Transcription :
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Le 28 Aout 1914
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Ma chère femme
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Je viens de recevoir à l'instant ta lettre correspondance ; je n'ai pas encore ton mandat télégraphique : je l'aurais probablement demain a part cela, les lettres n'arrive guerre vite, il faut te dire que le service postal en a par dessus les bras puis nous ne sommes pas toujours là, nous faisons souvent des marches.
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C'est ma dernière feuille de papier a lettre quand tu m'écriras met moi une enveloppe et une feuille de papier dans ta lettre ou une carte lettre. Aujourd'hui nous nous reposons, nous sommes […] en arrière, nous allons prendre le chemin de fer, probablement pour la Belgique, en ce moment je suis tout près de Verdun. Ah si tu avais pu voir les blessés et les morts de la bataille qui vient de se dérouler c'était effrayant. Nous avons commencer à nous battre. Dimanche soir vers 6h le bataillon a tenu tête à une brigade allemande jusqu'à 3h du matin : les balles tombées autour de nous, leur mitrailleuse tirée trop en arriere ce n'était pas rigolo. Lundi on a eu un peu de répit mais mardi de 5h du matin à 7h40 quelle boucherie, jamais on ne peut s’imaginer ce que c'est. Le matin nous avions été un peu vite, les allemands nous on infliger des pertes assez sensible mais quand nos canons de 71 se sont mis à tonner c'était affreux nous avions en face de nous des bavarois, l'un de leur régiment sur 2000 environs : il n'ent nest pas rester 300 debout en moins d'une heure, les canons marcher comme nous autres sur des piles [...]. De notre côté c'est surtout les marsouins qui ont trinqué : il était juste au centre de la fournaise. Le principale c'est que nous avons couper l'armée allemande le 6e corps en deux ; nous avons avec nous environ 1600 prisonniers, nous sommes rester 52h sans dormir 24h sans manger et personne ne se plaint. Les allemands on surnommé les chasseurs les "Diables noir" ils disent que nous avons de bonnes jambes c'est vrai que dans la journée du 25 nous avons bien fait près de 60 kilomètres.
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Malheureusement la guerre n'est pas fini, je crois qu'elle ne durera pas longtemps, peut-être encore un mois ou deux et pour le 1er de l'an cela sera fini.
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Tu ne mas pas dit si [...] t’avais remis mon bonné; il faut le lui réclamer peut être ne l'a-t-il pas toucher. Voilà tout les nouvelles, je suis intacte sans une eraflure, j'en ai passer bien pres surtout quant on entend les obus eclater au dessus de sa tête.
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Bien le bonjour au amis.
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Embrasse bien mon père et mon gar ainsi que Marguerite. A bientôt.
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Bon baisers
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Ton mari qui t'aime
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J'ai oublié de te dire que notre division a été cité à l'ordre du jour des armées pour son courage à cette bataille.
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=== Lettre de Laurent Dieu au père de Justin Clément Lemoine, 12 décembre 1914 ===
 
=== Lettre de Laurent Dieu au père de Justin Clément Lemoine, 12 décembre 1914 ===
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Transcription :
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12 Décembre 1914
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Monsieur Lemoine
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je vous remercie de votre lettre et des termes que vous employez à mon égard.
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Justin était en effet un ami pour moi. Lorsque nous sommes arrivés à Epernay nous étions quatres grand amis de plus de 20 ans. Votre fils était venu compléter notre petit groupe et depuis nous vivions ensemble comme des frères. Il a fallu cette triste catastrophe pour nous séparer.
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Quoiqu'il me soit très pénible de revenir sur ses tristes souvenirs, je vous dois à vous son père les détails que vous me demandez.
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Nous étions au repos à Sailly au Bois lorsque le 19 Novembre ont vint nous réveiller à 2 heures du matin. Nous partions pour Hébuterne dans le but d'attaquer une tranché boche et de l'enlever à la baionette, à 7h 1/2 après 1h 1/2 de cannonade par le 75 nous recevions l'ordre de marcher notre section partit par bonds successifs jusqua 30 mètres de la tranchée ennemie ne pouvant y aller plus loin, étant donné l'intensité de la fusillade, nous nous couchions et nous commençions à creuser des trous pour nous protéger.
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J'étais à côté de votre fils et nous travaillons tous deux, c'est à ce moment que Justin fut blessé légèrement d'une balle à l'épaule. Il voulait continuer à travailler avec moi mais je lui donnais le conseil de se retirer en rampant.
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Après avoir prévenue notre lieutenant il se retirait en se préservant derrière son sac.
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Un peu plus loin notre pauvre ami s'étant redressé pour voir ce qui se passais dans la tranché Allemande nous criait : attention les amis, ils se lèvent pour tirer sur vous. C'est à ce moment qu'il reçut une autre balle et qu'il nous dit : cette fois je suis bien touché. Ce fut tout. En nous retirant quelque moment plus tard en rampant sous la fusillade nous lavons retrouvé sans vie. Deux autres de nos amis René Delacomunme et Gustave [Stirskler] ont été également tués. Le 4e Julien a été grièvement blessé. Nous nous étions promis les un les autres de prévenir les familles en cas d'accident.
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Excusez moi de ne pas vous avoir écrit directement, j'ai craint pour vous la brutalité de la nouvelle c'est pourquoi je me suis adressé au patron de Justin pour lui demander de bien vouloir se charger de cette triste mission.
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Me voici donc seul séparé de ceux que j'aimais le plus, j'ai beaucoup pleuré et je souffre encore de notre irréparable séparation.
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Cependant ma souffrance auprès de la votre, celle de sa pauvre femme et de ses enfants n'est rien.
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C'est pourquoi je vous adresse mes condoléances les plus sincère et vous prie de croire à ma profonde affection pour celui que vous pleurez.
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Votre tout dévoué.
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Laurent Dieu
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1 rue François Bouvin
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Paris XV
  
 
== Sources et liens ==
 
== Sources et liens ==

Version du 16 mars 2016 à 23:57

Lemoine justin clement 1.jpg
Justin Clément Lemoine
Naissance 1884 à Evron (Mayenne)
Décès 1914 à Hébuterne (Pas-de-Calais), à l'âge de 30 ans
Régiment 69ème bataillon de chasseurs à pied
Classe 1904
Bureau de recrutement Seine 2ème bureau

Justin Clément Lemoine, né le 18 février 1884 à Evron (Mayenne), est le fils de Justin Lemoine et de Eugénie Lambert. Ses parents sont domiciliés : (non renseigné).

Marié à Victorine Marie Caillibot, il réside : 261, boulevard de Strasbourg à Billancourt. Il a deux enfants : Eugène Justin et Marguerite.

Il exerce la profession de monteur en aviation à l'usine Farman.

D'après le recensement militaire, il répond à la description physique suivante :

cheveux : yeux :
front : nez :
visage : teint :
lèvres : bouche :
menton : lobe de l'oreille :
oreilles : sourcils :
taille : marques particulières :

Il sait également :

  • (à préciser)


Parcours militaire

Il est recruté sous le matricule 634 au bureau de recrutement : Seine 2ème bureau. Chasseur de 2ème classe du 69ème bataillon de chasseurs à pied, il meurt le 19 novembre 1914 à Hébuterne (Pas-de-Calais), à l'âge de 30 ans.

Mention : "Sur le champ de bataille"

Il a reçu une ou plusieurs distinctions :

  • (à préciser)

Le corps est inhumé au cimetière national de Notre-Dame de Lorette (Pas-de-Calais) (ossuaire n°5 Pétain).

Son nom figure sur un ou plusieurs monuments commémoratifs : (à préciser)

Documents

Lettre de Justin Clément Lemoine à sa femme, 28 août 1914

Transcription :

Le 28 Aout 1914 Ma chère femme Je viens de recevoir à l'instant ta lettre correspondance ; je n'ai pas encore ton mandat télégraphique : je l'aurais probablement demain a part cela, les lettres n'arrive guerre vite, il faut te dire que le service postal en a par dessus les bras puis nous ne sommes pas toujours là, nous faisons souvent des marches. C'est ma dernière feuille de papier a lettre quand tu m'écriras met moi une enveloppe et une feuille de papier dans ta lettre ou une carte lettre. Aujourd'hui nous nous reposons, nous sommes […] en arrière, nous allons prendre le chemin de fer, probablement pour la Belgique, en ce moment je suis tout près de Verdun. Ah si tu avais pu voir les blessés et les morts de la bataille qui vient de se dérouler c'était effrayant. Nous avons commencer à nous battre. Dimanche soir vers 6h le bataillon a tenu tête à une brigade allemande jusqu'à 3h du matin : les balles tombées autour de nous, leur mitrailleuse tirée trop en arriere ce n'était pas rigolo. Lundi on a eu un peu de répit mais mardi de 5h du matin à 7h40 quelle boucherie, jamais on ne peut s’imaginer ce que c'est. Le matin nous avions été un peu vite, les allemands nous on infliger des pertes assez sensible mais quand nos canons de 71 se sont mis à tonner c'était affreux nous avions en face de nous des bavarois, l'un de leur régiment sur 2000 environs : il n'ent nest pas rester 300 debout en moins d'une heure, les canons marcher comme nous autres sur des piles [...]. De notre côté c'est surtout les marsouins qui ont trinqué : il était juste au centre de la fournaise. Le principale c'est que nous avons couper l'armée allemande le 6e corps en deux ; nous avons avec nous environ 1600 prisonniers, nous sommes rester 52h sans dormir 24h sans manger et personne ne se plaint. Les allemands on surnommé les chasseurs les "Diables noir" ils disent que nous avons de bonnes jambes c'est vrai que dans la journée du 25 nous avons bien fait près de 60 kilomètres. Malheureusement la guerre n'est pas fini, je crois qu'elle ne durera pas longtemps, peut-être encore un mois ou deux et pour le 1er de l'an cela sera fini. Tu ne mas pas dit si [...] t’avais remis mon bonné; il faut le lui réclamer peut être ne l'a-t-il pas toucher. Voilà tout les nouvelles, je suis intacte sans une eraflure, j'en ai passer bien pres surtout quant on entend les obus eclater au dessus de sa tête. Bien le bonjour au amis. Embrasse bien mon père et mon gar ainsi que Marguerite. A bientôt. Bon baisers Ton mari qui t'aime

J'ai oublié de te dire que notre division a été cité à l'ordre du jour des armées pour son courage à cette bataille.


Lettre de Laurent Dieu au père de Justin Clément Lemoine, 12 décembre 1914

Transcription : 12 Décembre 1914 Monsieur Lemoine je vous remercie de votre lettre et des termes que vous employez à mon égard. Justin était en effet un ami pour moi. Lorsque nous sommes arrivés à Epernay nous étions quatres grand amis de plus de 20 ans. Votre fils était venu compléter notre petit groupe et depuis nous vivions ensemble comme des frères. Il a fallu cette triste catastrophe pour nous séparer. Quoiqu'il me soit très pénible de revenir sur ses tristes souvenirs, je vous dois à vous son père les détails que vous me demandez. Nous étions au repos à Sailly au Bois lorsque le 19 Novembre ont vint nous réveiller à 2 heures du matin. Nous partions pour Hébuterne dans le but d'attaquer une tranché boche et de l'enlever à la baionette, à 7h 1/2 après 1h 1/2 de cannonade par le 75 nous recevions l'ordre de marcher notre section partit par bonds successifs jusqua 30 mètres de la tranchée ennemie ne pouvant y aller plus loin, étant donné l'intensité de la fusillade, nous nous couchions et nous commençions à creuser des trous pour nous protéger. J'étais à côté de votre fils et nous travaillons tous deux, c'est à ce moment que Justin fut blessé légèrement d'une balle à l'épaule. Il voulait continuer à travailler avec moi mais je lui donnais le conseil de se retirer en rampant. Après avoir prévenue notre lieutenant il se retirait en se préservant derrière son sac. Un peu plus loin notre pauvre ami s'étant redressé pour voir ce qui se passais dans la tranché Allemande nous criait : attention les amis, ils se lèvent pour tirer sur vous. C'est à ce moment qu'il reçut une autre balle et qu'il nous dit : cette fois je suis bien touché. Ce fut tout. En nous retirant quelque moment plus tard en rampant sous la fusillade nous lavons retrouvé sans vie. Deux autres de nos amis René Delacomunme et Gustave [Stirskler] ont été également tués. Le 4e Julien a été grièvement blessé. Nous nous étions promis les un les autres de prévenir les familles en cas d'accident. Excusez moi de ne pas vous avoir écrit directement, j'ai craint pour vous la brutalité de la nouvelle c'est pourquoi je me suis adressé au patron de Justin pour lui demander de bien vouloir se charger de cette triste mission. Me voici donc seul séparé de ceux que j'aimais le plus, j'ai beaucoup pleuré et je souffre encore de notre irréparable séparation. Cependant ma souffrance auprès de la votre, celle de sa pauvre femme et de ses enfants n'est rien. C'est pourquoi je vous adresse mes condoléances les plus sincère et vous prie de croire à ma profonde affection pour celui que vous pleurez. Votre tout dévoué.

Laurent Dieu 1 rue François Bouvin Paris XV

Sources et liens